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« The Expanse, tome 5 : Les Jeux de Némésis » – James S.A. COREY

Alors peut-être ?

Depuis qu’elle a découvert des milliers de nouvelles planètes, l’humanité s’est lancée dans la plus grande ruée vers les terres de son histoire. Des vaisseaux colons disparaissent mystérieusement sans laisser la moindre trace. Des armées privées se forment en secret. Le dernier échantillon existant de la protomolécule est volé. Des attaques terroristes inimaginables auparavant mettent à genoux les planètes intérieures. Au milieu de ce chaos, tandis qu’un nouvel ordre humain tente de se faire jour dans le sang et les larmes, les membres de l’équipage du Rossinante se séparent. Il est temps pour chacun d’entre eux d’affronter son passé.

Les Jeux de Némésis est probablement le meilleur tome de la série jusqu’ici. En tout cas, il donne un aperçu de ce qu’elle aurait pu être, de ce qu’elle aurait dû être. Dans la première moitié, l’équipage du Rossinante se sépare et Amos, Naomi et Alex retrouvent leur passé, chacun à sa manière. On en apprend ainsi un peu plus sur le passé des personnages, et cela les rend encore plus attachants, mais plus sombres aussi et plus complexes (en particulier Naomi). Ensuite, les récits se croisent et le vrai choc se produit avec les attaques terroristes sur la Terre. Cela marque un vrai bouleversement dans l’univers de la série, et les récits des attentats, les retombées sur l’ensemble de la planète et les réactions de l’ensemble des personnages nous valent des pages parmi les plus belles de la série jusqu’ici.

Les auteurs ont également la bonne idée de réintroduire certains personnages : Clarissa Mao, Bobbie et Chrisjen Avasarala. Ce dernier personnage confirme qu’il est le principal fournisseur d’humour de la série (ses dialogues avec Amos sont vraiment très drôles). Le rythme est beaucoup moins lourd que dans les tomes précédents, et les différents thèmes abordés sont plus intéressants et sont traités de manière moins convenue.

Malheureusement, ce roman souffre aussi de certains défauts de ses prédécesseurs. En plus des traditionnelles fautes de grammaire et d’orthographe, les effets de surprise qui tombent totalement à plat, les révélations que le lecteur voit venir à des kilomètres, on a toujours droit à une traduction navrante. Quand des terroristes détruisent votre monde, le premier mot qui vous vient à l’esprit, c’est « saligauds » ? Vraiment ? Était-il vraiment inconcevable de parler d’unE capitaine, d’unE commandante ou d’unE premièrE ministre, dans une traduction française en 2018 ?

Comme d’habitude, le lecteur doit aussi combler les vides et aplatir les ellipses du récit. On doit par exemple accepter qu’une seule palette d’enduit permet de rendre des astéroïdes entiers indétectables aux radars et aux télescopes. Et quand un personnage bondit d’un vaisseau à un autre dans le vide de l’espace sur cinquante mètres, sans combinaison, sans masque, sans même un peu de crème solaire, simplement en retenant sa respiration et en utilisant une seringue qui ajoute de l’oxygène dans son sang, on se dit qu’on est en droit d’attendre un peu plus de respect de la part des auteurs.

Et enfin, Marco, le méchant de cette histoire, possède un vrai background et des motivations bien ancrées dans les circonvolutions socio-politiques qui font l’intérêt et l’originalité de la série, mais les auteurs ne peuvent pas s’empêcher, une fois de plus, d’en faire un psychopathe suicidaire et fou furieux, comme le Dr Strickland dans La Guerre de Caliban, comme Ashford dans La Porte d’Abaddon, comme Murtry dans Les Feux de Cibola. C’est particulièrement dommage ici, car la révolte est cohérente dans un système solaire bouleversé par l’ouvertures des portes des Anneaux, l’abandon de la terraformation martienne et le sentiment d’injustice vécu par les Ceinturiens (cependant, la transformation finale de Marco en malade mental qui se conduit comme un enfant capricieux et particulièrement stupide aura lieu dans le tome suivant, son personnage reste relativement supportable dans Les Jeux de Némésis).

Il faut reconnaître que les qualités de ce livre éclipsent en grande partie ses défauts, contrairement aux deux tomes précédents, qu’il est beaucoup plus agréable à lire, et qu’il laisse espérer une évolution positive de la série, vers plus de rythme, plus de complexité, plus d’ampleur.

James S.A. Corey : Les Jeux de Némésis – 2015

Originalité : 4/5. Enfin, les auteurs décident de jouer la carte qui rend cet univers intéressant.

Lisibilité : 4/5. Beaucoup moins de longueurs, c’est ça qu’on veut !

Diversité : 4/5. Plus de points de vue différents, des histoires personnelles et un arc qui prend de l’ampleur.

Modernité : 3/5. Quelques thèmes intéressants, comme l’indépendance, le racisme, la lutte contre l’oppression, le terrorisme, …

Cohérence : 3/5. Impossible quand les ressorts narratifs reposent sur des méchants aussi caricaturaux.

Moyenne : 7.2/10.

A conseiller si vous êtes fan des précédents…

« The Expanse, tome 4 : Les Feux de Cibola » – James S.A COREY

Pas en pleine forme mais toujours en vie.

Les portes se sont ouvertes et les humains se ruent pour coloniser un millier de planètes. La première d’entre elles, Ilus, est baptisée dans le sang et la destruction. Des colons indépendants venus chercher une nouvelle vie se dressent avec leurs faibles moyens contre la puissance écrasante d’un vaisseau appartenant à une compagnie gigantesque ; celle-ci est bien décidée à exploiter les riches gisements de minerais, et des scientifiques innocents périssent alors qu’ils tentaient simplement d’étudier et de comprendre ce monde nouveau. James Holden et son équipage sont désignés pour rétablir la paix et le bon sens. Mais plus il se penche sur la question, plus Holden a le sentiment que cette mission est vouée à l’échec depuis le début…

On retrouve les personnages et l’univers de cette série avec plaisir et beaucoup d’impatience, après un tome 3 décevant mais un final qui ouvrait des possibilités immenses avec des portails donnant accès à plus de 1.300 nouvelles planètes. On s’est attaché, au fil des romans, aux personnages récurrents, et le retour de certains protagonistes croisés précédemment est dans l’ensemble une réussite : Havelock surtout, qui nous vaut d’excellents moments avec Naomi, et Basia en père rebelle. L’univers reste toujours aussi intéressant et cohérent, avec un thème général de plus en plus affirmé : même face à des bouleversements d’ampleur galactique, même face à des manifestations d’intelligences extraterrestres beaucoup plus évoluées, même confrontée à des mystères qui la touchent directement et durablement, l’humanité reste engoncée dans ses conflits internes, ses divisions, son appât du gain et ses préjugés. L’ensemble est propice à des ressorts narratifs puissants, comme le destin des concepteurs de la protomolécule, les bouleversements géopolitiques induits par l’ouverture de l’Anneau, etc…

Toutes ces qualités sont malheureusement tempérées par des défauts nombreux et persistants.

Tout d’abord, la qualité pitoyable de l’édition et/ou de la traduction et/ou de l’écriture : ponctuation aléatoire, fautes de frappes, d’orthographe et de grammaire, phrases incompréhensibles, inversions des noms des personnages, sans compter les répétitions insupportables. Après vingt ou trente fois, on a bien compris que les Ceinturiens faisaient un geste de la main équivalent à un haussement d’épaules, comme on a bien compris qu’à proximité de l’orbite d’Uranus, le soleil n’est qu’une étoile très brillante, et on a bien assimilé également qu’Alex avait un accent traînant. Ça n’est vraiment plus nécessaire de le mentionner à chaque fois.

Ensuite, on a coutume de dire que pour faire une bonne histoire, il faut de bons méchants. On est très loin du compte. Comme dans le tome précédent, à peu près tous les méchants sont d’infâmes psychopathes qui, au fil du récit, deviennent de plus en plus fous, au point de vouloir la mort de tout le monde, eux y compris. Pourquoi ? Parce que ce sont de méchants psychopathes, pardi. L’exécution brutale d’un rebelle par le terrible chef de la sécurité Murtry pourrait surprendre et choquer, si seulement Ashford n’avait pas fait exactement la même chose, de la même manière et au même moment, dans le tome précédent. On se demande quand même comment il est possible qu’autant de fous furieux occupent des postes à si hautes responsabilités. Et comme ils sont tous caricaturaux, méchants par nature, ils font tous la même chose, suivant les mêmes délires.

D’une manière générale, il ne faut pas beaucoup s’interroger sur les motivation des personnages. La plupart du temps, ils ne sont là que pour faire avancer l’histoire, et tant pis si leurs actions n’ont aucun sens (le personnage consternant d’Elvi Okoye, ici, en est un très bon exemple).

Cela a notamment comme conséquence que l’histoire passe, en général, à côté des aspects les plus potentiellement passionnants de l’univers. Par exemple, quand un des scientifiques explique que la disposition des gisements de lithium de la planète Ilus n’est pas naturelle et que la planète semble avoir été créée de manière artificielle, personne ne semble juger que cette information soit importante, même si tous les personnages la reçoivent. Le fait que les six lunes de la planète soient équidistantes ne les émeut pas plus que ça non plus. Pour le lecteur, par contre, tous les effets de « surprise » qui suivront tomberont complètement à plat.

Il y a aussi un très sérieux problème de rythme. Les personnages sont toujours en introspection profonde, quoi qu’il se passe autour d’eux, et nous font partager le fruit de leurs pensées philosophiques qui, bien souvent, sont du niveau d’un élève de sixième primaire. Ainsi, il n’est pas rare que, pendant une fusillade, un des protagonistes sortant d’un ascenseur entame une réflexion technique sur l’évolution du système hydraulique à traves les âges. Ou qu’un autre, pendant une course poursuite, aperçoive un champignon et nous livre deux pages de réflexion sur les rôles du parasitisme biotrophe dans l’écosystème de la planète, à moins que cela lui rappelle la délicieuse soupe aux champignons de sa tante Jeannine, qu’il ne reverra probablement pas parce que des méchants psychopathes ont décidé de tuer tout le monde sur la planète (ou de tuer la tante Jeannine en question, rien n’arrête les psychopathes). On ajoutera aussi que les auteurs maîtrisent assez peu la structure du récit. Il ne se passe absolument rien sur Ilus pendant 300 pages, et que deux chapitres plus loin, les personnages tentent de survivre à un tsunami et une tempête géante, une invasion de limaces tueuses et une épidémie de cécité. Va falloir apprendre à doser un peu, les gars.

On n’oublie pas les habituels multiples « emprunts » à d’autres œuvres, et les ellipses et divers trous béants de l’histoire que le lecteur doit combler par lui-même (la fin de Miller est en grande partie incompréhensible et le restera).

Moins mauvais que le précédent, ce 4e tome souffre des défauts habituels de la série mais conserve suffisamment de qualités pour que ça reste plaisant et qu’on entame le tome suivant. Loin d’être une série marquante de la SF, The Expanse reste une chouette collection de bouquins de plage, très agréables à condition de ne pas trop se poser de questions et de ne pas être trop regardant sur la qualité littéraire.

James S.A. Corey : Les Feux de Cibola – 2014

Originalité : 2/5. Toujours pas, non.

Lisibilité : 4/5. Un peu plus vivant et moins lourdingue.

Diversité : 3/5. Toujours le même récit à plusieurs voix, et une histoire parallèle sur Ilus et en orbite.

Modernité : 2/5. Toujours pas non plus.

Cohérence : 4/5. Il faut vraiment faire quelque chose pour les vilains.

Moyenne : 6/10.

A conseiller si vous êtes fan des précédents…

« The Expanse, tome 3 : La Porte d’Abaddon » – James S.A. COREY

Quelle déception

Pendant des générations, le système solaire – Mars, la Lune, la ceinture d’astéroïdes – fut la grande frontière de l’humanité. Jusqu’à maintenant. Un objet non identifié opérant sous les nuages de Vénus est apparu dans l’orbite d’Uranus, où il a construit une porte massive qui mène à un hyperespace désolé.
Jim Holden et l’équipage du Rossinante font partie d’une vaste flotte de navires scientifiques et militaires chargés d’examiner le phénomène. Mais une intrigue complexe se trame dans leur dos, visant à l’élimination pure et simple d’Holden. Les émissaires de la race humaine en sont à devoir décider si la porte est une opportunité ou une menace, sans imaginer que le plus grand danger est peut-être celui qu’ils ont apporté avec eux.

Avec ce troisième tome, on commence à bien cerner les qualités et les défauts de la série. Malheureusement, ici, ce sont surtout les défauts que l’on va subir. Le roman commence plutôt bien, pourtant. Il faut dire que le tome précédent nous avait laissé avec deux énormes cliffhangers : la gigantesque structure protomoléculaire qui émerge de Vénus pour traverser tout le système solaire, et la réapparition de l’inspecteur Miller. Dès lors, on se jette avec avidité sur les premières pages de cette suite.

Première déception : les auteurs évacuent Bobbie et Avasarala, deux personnages plutôt réussi et attachants de La Guerre de Caliban, et en introduisent plusieurs nouveaux. La mystérieuse Melba (tellement mystérieuse qu’on apprend sa véritable identité après quatre pages), motivée par la vengeance d’une manière si obsessionnelle qu’elle renvoie aux pires méchants de dessins animés pour enfants. Anna, pasteur méthodiste qui aurait apporter une chouette dimension si elle n’était pas aussi atrocement caricaturale. Et enfin Bull, chef de la sécurité, seul personnage qui s’avérera un tant soit peu intéressant.

La première moitié du roman souffre d’un énorme problème de rythme, les intrigues secondaires sont inintéressantes au possible, les considérations existentielles des différents protagonistes volent au ras des pâquerettes, mais bon, au moins le récit avance. Il mêle comme d’habitude les intrigues politiques, les destins individuels et les mystère relatifs à la protomolécule. C’est poussif mais ça fonctionne plus ou moins bien.

La seconde moitié est une véritable épreuve. Il ne se passe absolument rien d’intéressant, et la plupart des personnages sont sacrifiés sur l’autel de l’ennui : le commandant complètement dépassé qui devient à moitié fou et qui veut provoquer la mort de tout l’équipage, vu et revu cent fois et rarement aussi caricatural, la commandante en second qui disparaît totalement dès le début du roman pour réapparaître lors de l’épilogue, le rebondissement final qu’on voit venir à cent kilomètres et qui est d’une mièvrerie rare, et les membres de l’équipage du Rossinante qui traverse le roman en se demandant un peu ce qu’ils font là…

Pour l’épilogue, toutes les intrigues sont clôturées en quelques paragraphes, au revoir et merci. Bon, il reste 1.300 portes ouvertes sur des mondes inconnus, ça promet tout de même une suite beaucoup plus intéressante. Ou pas.

James S.A. Corey : La Porte d’Abaddon – 2013

Originalité : 2/5. Toujours pas.

Lisibilité : 2/5. Poussif, surtout sur la seconde moitié.

Diversité : 3/5. Structure dorénavant classique à plusieurs voix, de nouveaux personnages apportent chacun une vision supplémentaire. C’est raté mais il faut reconnaître l’effort.

Modernité : 2/5. Beaucoup de choses déjà vues et revues, oserait-on dire « empruntées » à d’autres œuvres ?

Cohérence : 3/5. Les motivations de certains personnages, notamment les méchants, sont vraiment d’un niveau consternant.

Moyenne : 4.8/10.

A conseiller si vous êtes fan des précédents…

« The Expanse, tome 2 : La Guerre de Caliban » – James S.A. COREY

Une suite très agréable.

Sur Ganymède, la lune de Jupiter transformée en grenier à blé pour les planètes extérieures, un sergent des Marines de Mars assiste au massacre de sa section d’élite par un supersoldat monstrueux.
Sur Terre, une personnalité politique de haut rang s’évertue à éviter un conflit interplanétaire, en dépit des intérêts divers de groupes de pression tentaculaires et sans scrupule.
Sur Vénus, la protomolécule extraterrestre a investi la planète entière. Elle y prolifère à l’abri des regards, génère des bouleversements mystérieux qui menacent de propager l’indicible dans tout le système solaire.

Ce deuxième tome de la série est une franche réussite. Il introduit plusieurs personnages supplémentaires, et ils sont pour la plupart intéressant : Bobbie Draper la montagne de muscles des Marines de Mars, Praxidike Meng le scientifique de Ganymède, et Chrisjen Avasarala la politicienne des Nations Unies. Même si on n’est jamais très loin du stéréotype, l’ensemble fonctionne assez bien, avec les quatre membres déjà connus de l’équipage du Rossinante, Holden, Naomi, Alex et Amos. L’univers de la série prend de l’ampleur, gagne en complexité et en mystères, et les auteurs parviennent à tenir le lecteur en haleine.

Le roman n’est pourtant pas sans défaut. Les méchants sont horriblement caricaturaux et sans relief, et le monstre protomoléculaire ressemble à une version Marvel un peu enfantine du terrifiant Gritche des Cantos d’Hypérion. D’ailleurs, d’une manière plus générale, on ne peut pas dire que les auteurs fassent preuve d’une imagination débordante : les ressorts sont vus et revus des dizaines de fois dans d’autres histoires, d’autres univers, d’autres auteurs. Heureusement, ils parviennent malgré tout à conserver un suspense, lié en grande partie à la protomolécule, avec notamment un épilogue qui ne peut que donner envie de se jeter sur le tome 3…

James S.A. Corey : La Guerre de Caliban – 2012

Originalité : 2/5. Pas la plus grande qualité de ce roman.

Lisibilité : 3/5. Le récit est parfois un peu lourd, sur le fond comme sur la forme.

Diversité : 3/5. Le roman est construit sur la vision alternative de quatre personnages, chacun apportant une dimension intéressante.

Modernité : 3/5. Plaisant mais (toujours) rien de révolutionnaire.

Cohérence : 3/5. Mieux construit que le tome précédent, mais on sourit parfois devant la naïveté de certains protagonistes…

Moyenne : 5.6/10.

A conseiller si le premier tome vous a plu.

« The Expanse, tome 1 : L’Éveil du Léviathan » – James S.A. COREY

Petit space opera sympathique (non, je n’ai pas vu la série)

Jim Holden est second sur un transport de glace qui effectue la navette entre les anneaux de Saturne et les stations installées dans la Ceinture d’astéroïdes. Quand son équipage et lui croisent la route du Scopuli, ils se retrouvent en possession d’un secret pour lequel certains sont prêts à tuer. Une guerre s’annonce s’il ne découvre pas qui a abandonné ce vaisseau, et pourquoi.
L’inspecteur Miller recherche une jeune femme dont les parents sont riches et influents. Son enquête le mène au Scopuli et à Holden. Entre le gouvernement de la Terre, les révolutionnaires des planètes extérieures et certaines firmes aux visées obscures, Holden et Miller doivent jouer finement : leurs chances de réussir sont minces.

Il est très compliqué aujourd’hui d’entamer la lecture de la série The Expanse en faisant abstraction de la réputation flatteuse qui la précède, grâce à une adaptation en série télévisée à succès (critique et populaire). De plus, un des deux auteurs (James S.A. Corey est un pseudonyme) a été l’assistant de George R.R. Martin, il doit donc forcément être génial, même si, pour autant qu’on le sache, il a très bien pu lui servir le café matinal…

L’Éveil du Léviathan a une grande qualité : c’est un très sympathique roman d’aventures de space opera. L’univers est cohérent, plutôt réussi même, avec les conflits entre les différents gouvernements planétaires du système solaire, les intérêts et les manœuvres des corporations privées, un mystérieux virus extraterrestre, et bien sûr des attaques de croiseurs stellaires.

Nous sommes néanmoins très très loin du chef d’œuvre. Tout d’abord, la qualité de l’écriture est médiocre. Les personnages sont à peu près tous des caricatures, les dialogues et les situations le sont tout autant. L’action est perpétuellement ralentie par des considérations sans aucun intérêt et sans lien avec ce que les personnages sont en train de vivre.

De plus, il n’est pas rare de voir des phrases incomplètes et donc incompréhensibles (ici il manque un verbe, ou là même parfois une partie de la phrase). On pourra mettre ça sur le compte d’une traduction calamiteuse ou d’une édition très bon marché, mais ça n’aide pas à relever la qualité de l’ensemble.

Enfin, et surtout, les liens entre les différentes péripéties qui font avancer le récit ne sont jamais expliqués. L’histoire débute avec une épave de vaisseau (on ne saura jamais réellement ce qui s’est passé, même après la découverte de l’astronef qui l’a attaqué). Le vaisseau qui veut lui venir en aide est détruit, on ne saura jamais par qui ni pourquoi. Par la suite, les protagonistes se retrouvent sur un croiseur martien, qui est abordé et attaqué pour des raisons mystérieuses qui ne seront jamais expliquées. Les deux personnages principaux se rencontrent dans un hall d’hôtel où ils sont attaqués pour on ne sait quelle raison. Et ainsi de suite, à peu près tous les événements majeurs du récit restent sans réelle explication, les motivations des principaux personnages sont souvent opaques et parfois carrément incohérentes, … Comme si les deux auteurs avaient chacun écrit leurs parties sans relire ni se préoccuper de ce que l’autre avait précédemment rédigé. C’est quand même fort gênant quand les ressorts de l’histoire reposent entièrement sur une enquête criminelle et un thriller politique.

L’Éveil du Léviathan ajoute une dimension de roman noir, ainsi que quelques emprunts au roman d’horreur, sans toutefois révolutionner le genre ou en faire un space opera très original. Il reste toutefois un bon divertissement, qu’on peut apprécier si on ne se pose pas trop de questions. Il a été nominé par je ne sais quel miracle pour les prix Hugo et Locus du meilleur roman en 2012 (l’année de Morwenna, qui restera toujours un de mes romans préférés, et où Légationville, l’ovni de China Miéville, avait aussi été nominé – on n’est pas DU TOUT dans la même catégorie ni dans la même qualité ici).

James S.A. Corey : L’Éveil du Léviathan – 2011

Originalité : 3/5. Space opera très classique, même un peu caricatural sous certains aspects, mais l’univers et l’intrigue sont plaisants.

Lisibilité : 3/5. Quelques lourdeurs et une édition (traduction ?) calamiteuse.

Diversité : 3/5. Différentes dimensions qui finissent par s’entremêler, avec une construction classique où le point de vue change à chaque chapitre.

Modernité : 3/5. Dans la lignée du Nouveau Space Opera mais sans rien apporter de marquant.

Cohérence : 2/5. Il y a un vrai souci, là…

Moyenne : 5.6/10.

A conseiller si vous avez envie d’un petit plaisir space op divertissant.

« La Fileuse d’Argent » – Naomi NOVIK

Parfois, la fantasy, c’est vraiment bien.

Déterminée à sauver sa famille du naufrage financier, Miryem reprend avec succès l’activité de prêteur de son père, mais elle attire rapidement l’attention du roi des Staryk, une créature effroyable qui exige d’elle l’impossible. Wanda, fille de ferme miséreuse aux prises avec un père violent et alcoolique, lutte pour sa survie et celle de ses deux frères. Et quoiqu’elle vive dans les ors du château, Irina connaît un sort à peine plus enviable : son père, le duc, entend la marier sous peu à un homme connu pour son extrême cruauté. Trois femmes, trois destins mêlés dans le blizzard surnaturel d’un hiver qui menace de geler toute vie sur son passage.

On retrouve dans La Fileuse d’Argent toutes les qualités de Déracinée (ce qui n’est pas peu dire) : l’histoire est passionnante, l’univers est envoûtant, les personnages sont tous tellement bien dessinés qu’on a beaucoup de mal à lâcher le livre une fois entamé. Il est un peu plus adulte et plus sombre, ce qui ne gâche absolument pas le plaisir de la lecture.

À nouveau, comme dans Déracinée, Qui a peur de la mort ? de Nnedi Okorafor, et même Les Livres de la Terre Fracturée de N.K. Jemisin, on retrouve des héroïnes féminines aux prises avec un monde hostile et qui décident de prendre leur destin en main. C’est extrêmement rafraîchissant, d’autant plus que les dialogues sont d’une qualité rare, que les personnages ne sont jamais caricaturaux, et qu’on ne s’y ennuie pas une seconde.

Vaguement inspiré par le conte allemand Rumplestiltskin (recueilli par les frères Grimm) La Fileuse d’Argent a été nominée pour le Nebula 2018 et le Hugo 2019 du meilleur roman, et a reçu le prix Locus 2019 du meilleur roman de fantasy.

Naomi Novik : La Fileuse d’Argent – 2018

Originalité : 3/5. Un univers de dark fantasy empruntant à l’histoire des Juifs en Europe de l’Est, et beaucoup de bonnes idées.

Lisibilité : 6/5. Naomi Novik a un super-pouvoir.

Diversité : 3/5. Plusieurs rebondissements, des histoires croisées qui se rejoignent de manière assez habile, impossible de s’ennuyer.

Modernité : 4/5. Sous une apparence surannée, une version moderne des contes de fée.

Cohérence : 5/5. Pas de longueurs, aucun passage bâclé ou trop rapide.

Moyenne : 8.4/10.

A conseiller si vous avez aimé Déracinée, évidemment, ou si vous avez envie de ce qui se fait de plus rafraîchissant dans la fantasy aujourd’hui.

« Isolation » – Greg EGAN

Rien compris.

Une belle nuit, il y a trente-trois ans, les étoiles ont disparu. La Terre et avec elle l’humanité se retrouvent isolées dans une Bulle cosmique centrée sur le soleil, placées en quarantaine. Pourquoi ? Par qui ? Les hypothèses dégénèrent en cultes religieux insolites et souvent malsains. Et dans le même temps, l’humanité a appris à vivre dans les mondes virtuels. Ou bien est-ce tout l’univers qui serait devenu virtuel ? La clé du mystère serait-elle détenue par Laura Andrews, trente-trois ans, l’âge exact de la Bulle ? Mais Laura a disparu. Et les Possibles se déchaînent.

Il y a plusieurs niveaux dans Isolation. Le premier est celui de l’enquête policière, sans grande surprise et sans grand intérêt. Le deuxième est celui de la vie du héros qui nous fait partager ses considérations sur son passé, sur l’influence des mods neuraux sur son comportement et ses humeurs, sur les notions de personnalité et de liberté individuelle à l’époque où ces mods peuvent modifier jusqu’à la vision du monde de la personne qui se les fait implanter (volontairement ou non). Pas inintéressant, mais rien de bouleversant non plus. Enfin, et c’est là le vrai propos et l’idée centrale du roman, la capacité d’un individu à réduire la fonction d’onde des états quantiques. Pour faire simple.

Quand le récit, déjà pas spécialement passionnant jusque là, commence à articuler les différents niveaux, et que les rebondissements liés à l’enquête policière se lient à diverses utilisations de mods visant à développer les capacités quantiques de certains protagonistes, on se perd complètement dans un dédale incompréhensible où disparaissent les personnages, au bénéfice d’une démonstration de physique quantique et de considérations métaphysiques. Ah oui, il y a des extraterrestres aussi, qui veulent protéger l’Univers des humains capables de réduire les fonctions d’onde à une réalité où le dit Univers disparaitrait. Ou quelque chose comme ça.

C’est insupportable. Trop de hard science tue la hard science. Ça tue aussi tout le plaisir d’une lecture. J’ai cherché en vain quelqu’un, y compris parmi les fans, qui pourrait m’expliquer la seconde moitié de ce livre. Pour une introduction à l’œuvre de Greg Egan, on ne peut pas dire que ça soit enthousiasmant. On en vient même à se demander si on n’est pas en face d’une hype un peu pédante (il est désormais très convenu de citer Egan comme LE génie contemporain de la SF) . L’homme est mystérieux, aucune photo connue et aucune apparition publique, et les articles qui veulent se donner de grands airs parlent d’une rumeur d’une IA qui écrirait des romans (fantaisiste, pour rester poli, mais ça expliquerait quand même beaucoup de choses concernant Isolation).

Il s’agit ici d’une de ses premières publications. Il est possible que son œuvre évolue pour devenir plus agréable et plus lisible par la suite. Je ne suis pas pressé de le vérifier…

Greg Egan : Isolation – 1992

Originalité : 3/5. On ne lit pas ça souvent. Heureusement.

Lisibilité : 0/5. Physiquement insupportable.

Diversité : 2/5. Une première partie vaguement intrigante puis n’importe quoi.

Modernité : 2/5. Quelques réflexions intéressantes sur les mods neuraux.

Cohérence : 0/5. Au secours.

Moyenne : 2.8/10.

Je ne conseillerai pas ce roman à mon pire ennemi.

« Ready Player One » – Ernest CLINE

Célébration ad nauseam de la culture pop geek des années 80 (non, je n’ai pas vu le film)

2044. La Terre est à l’agonie.
Comme la majeure partie de l’humanité, Wade, 17 ans, passe son temps dans l’OASIS – un univers virtuel où chacun peut vivre et être ce qui lui chante. Mais lorsque le fondateur de l’OASIS meurt sans héritier, une formidable chasse au trésor est lancée : celui qui découvrira les trois clefs cachées dans l’OASIS par son créateur remportera 250 milliards de dollars !
Multinationales et geeks s’affrontent alors dans une quête épique, dont l’avenir du monde est l’enjeu. Que le meilleur gagne…

Reconnaissons d’emblée une grande qualité à Ready Player One : c’est un roman qui s’assume entièrement et qui va au bout de sa logique. Puisque le propos est de faire revivre les fantasmes des ados des années 80, autant y aller à fond : plutôt que de décrire un personnage ou des interactions, l’auteur va faire référence à tel ou tel personnage d’un vieux film. Plutôt que d’installer un univers et une ambiance, il va faire des listes (de jeux vidéos, de films, de chansons, de consoles, de jeux de rôles, mais bon, surtout de jeux vidéos hein). Pourquoi s’embêter avec de la littérature quand on peut superposer les vignettes tirées directement des souvenirs adolescents des lecteurs ? Parce que bon, autant être clair, on n’imagine pas quelqu’un qui n’était pas ado entre 1980 et 1990 aller au-delà de la page 10 de ce roman…

Pourquoi aussi s’embêter à écrire une histoire et des personnages, quand on peut simplement aller puiser dans tous les poncifs des films pour ados des années 80 pour trouver tout le matériel nécessaire ? Un ado marginal passionné de jeux vidéos, de musique pop, de séries tv et de Donjons et Dragons. Une bande de potes marrants et une fille un peu mystérieuse et un peu plus âgée. Un adulte en costard très méchant et très ambitieux qui représente une corporation qui veut gagner plein de sous même si pour ça ils doivent tuer des gens gentils. À la fin, il y a un coucher de soleil et le héros embrasse la fille, qui est tombée amoureuse de lui parce qu’il est super fort à Black Tiger et qu’il connaît les dialogues de Wargames par coeur. Il y a aussi un vieux monsieur très riche et très gentil qui va les aider, et une vieille dame très gentille mais très pauvre, elle, et qui va mourir alors qu’elle n’avait rien demandé à personne. Parce que les méchants sont très méchants. Ah oui, il y a aussi une tante alcoolique qui veut prendre l’ordinateur du héros pour le revendre et s’acheter des bières. Si.

Même quand on est le coeur de cible de ce roman, ça reste douloureux (j’avais 15 ans en 1987, je jouais à des jeux vidéos, je ne parlais pas aux filles et je rêvais de pouvoir m’enfuir dans un univers virtuel, j’aime bien Rush, ce qui est plutôt rare de ce côté-ci de l’Atlantique, et j’ai exactement le même âge qu’Ernest Cline).

Reste une chouette chasse au trésor, un peu d’humour si on n’est pas trop difficile, et Gandalf s’appelle Anorak. Quand je vous dis que c’est douloureux, hein…

Ready Player One n’a gagné aucun prix (faut pas déconner), n’a jamais été nominé, mais il a été adapté au cinéma par Steven Spielberg (qui d’autre ?). Je n’ai pas vu le film, mais si Matthew Broderick n’y fait pas au moins un caméo, c’est un scandale et une faute de goût.

Ernest Cline : Ready Player One – 2011

Originalité : 2/5. Parce qu’on ne voit heureusement pas ça tous les jours.

Lisibilité : 1/5. Douloureux, je vous dis.

Diversité : 3/5. Quelques rebondissements et changements de lieux qui animent un peu le récit.

Modernité : 0/5. Au secours.

Cohérence : 5/5. La forme parfaitement en phase avec le fond.

Moyenne : 4.4/10.

A conseiller si vous avez envie de (re)plonger dans une certaine vision de l’univers des ados des années 80.

« L’homme qui mit fin à l’Histoire » – Ken LIU

Une lecture difficile

Futur proche.

Deux scientifiques mettent au point un procédé révolutionnaire permettant de retourner dans le passé. Une seule et unique fois par période visitée, pour une seule et unique personne, et sans aucune possibilité pour l’observateur d’interférer avec l’objet de son observation. Une révolution qui promet la vérité sur les périodes les plus obscures de l’histoire humaine. Plus de mensonges. Plus de secrets d’État.

Avec ses 112 pages, L’homme qui mit fin à l’Histoire est plus une novella qu’un roman, construite sur le modèle du documentaire télévisuel, ce qui en rend la lecture plutôt fluide. Mieux vaut cependant être prévenu : il ne s’agit certainement pas d’une expérience agréable, tant le sujet est difficile. De nombreux événements historiques asiatiques sont méconnus en Occident, et beaucoup de lecteurs découvriront ici la terrible Unité 731, une installation militaire japonaise dans la province chinoise de Mandchourie occupée à partir de 1931. Dans cette unité, l’armée japonaise a mené de nombreuses expériences sur des êtres humains. Les tortures subies par les prisonniers et les populations locales dépassent l’entendement. Elles sont décrites à profusion, avec beaucoup de détails, dans cette novella qui s’apparente finalement à une plongée en enfer.

On y trouvera aussi des réflexions sur le devoir de mémoire, sur le travail de l’historien, sur le statut des documents historiques, sur l’importance d’établir la vérité, sur le négationnisme, etc… qui ne sont pas sans intérêt.

Le Japon n’a reconnu l’existence de l’Unité 731 qu’en 2002.

Ken Liu : L’homme qui mit fin à l’Histoire – 2011

« Déracinée » – Naomi NOVIK

Un roman enchanteur

Depuis toujours, le village de Dvernik est protégé des assauts du Bois – une forêt maléfique douée d’une volonté propre – par le «Dragon», un puissant magicien. Celui-ci, en échange de ses services, prélève un lourd tribut : à chaque génération, une jeune femme de la communauté disparaît dans sa tour. Cette année, c’est Kasia qui sera choisie. Forcément, c’est la plus belle, la plus populaire. Personne n’en doute, et encore moins Agnieszka, qui n’a jamais voulu de cet honneur. Mais les choses ne vont pourtant pas se passer comme prévu, et Agnieszka va découvrir un monde au-delà de l’entendement…

Il y a une forme de sorcellerie dans ce roman. Tous les lecteurs connaissent le page turner, ce besoin pressant de connaître la suite de l’histoire, cette difficulté à refermer un livre tant on est pris par le récit. La plupart du temps, cela se produit lors d’un final haletant, quand l’histoire approche de son dénouement. Dans Déracinée, ça débute à peu près à la page 20. C’est tout à fait exceptionnel, et il faut avouer que ça n’est pas évident d’expliquer pourquoi.

Nous sommes très clairement ici devant un conte pour adolescents penchant vers la dark fantasy, avec magiciens, princes, sorcières, familles de paysans pauvres, créatures maléfiques, malédictions, trahisons, envoûtements, morts tragiques et possessions démoniaques. A priori rien de bien original donc. Et pourtant, le sortilège fonctionne : les dialogues sont d’une qualité rare, les personnages prennent vie en quelques lignes, et on se retrouve embarqué sans vraiment s’en rendre compte dans une aventure passionnante. On ne bascule jamais dans la mièvrerie ou le conte enfantin, et on reste très loin des poncifs de la dark fantasy, comme si tous les codes étaient là mais utilisés d’une manière tout à fait surprenante.

À chaque fois que l’histoire semble installée, Novik parvient à la faire rebondir, en ajoutant une dimension inattendue, en faisant intervenir des nouveaux personnages, en changeant le lieu de l’action, et le sort du page turner perdure encore et encore. Il parvient même à envoyer suffisamment de bois pour que le dénouement soit littéralement haletant. Nous sommes en présence d’un talent extraordinaire de raconteuse d’histoires.

Inspiré d’un conte polonais, Déracinée a été nominé pour le prix Hugo du meilleur roman en 2016, et a remporté les prix Nebula 2015 et Locus 2016. Bien évidemment un grand studio (Warner Bros) en a acheté les droits dès 2015 pour en faire non pas une série pour une fois mais un film, dont la production aurait été confiée à Ellen DeGeneres.

Naomi Novik : Déracinée – 2015

Originalité : 3/5. Comment faire une recette originale avec des ingrédients vus et revus cent fois. Un tour de force.

Lisibilité : 6/5. De la magie, je vous dis.

Diversité : 3/5. Malgré un cadre assez restreint, on ne se lasse pas une minute.

Modernité : 4/5. Plus dans la forme que sur le fond, mais ça reste un vrai plaisir de voir une jeune fille prendre son destin en main, bousculer les traditions, tenir tête aux vieux mages et aux princes charmants pas tellement #metoo.

Cohérence : 5/5. Pas de temps morts, pas de longueurs, pas de fausses notes, de la première à la dernière page. Une maîtrise remarquable.

Moyenne : 8.4/10.

A conseiller si vous avez conservé un bout (même tout petit) de votre âme d’enfant.