« Le Gambit du Renard » – Yoon Ha LEE

Un space opera moderne qui aurait pu être très chouette, si on avait une vague idée de ce dont il parle…

Le capitaine Kel Cheris tombe en disgrâce après avoir utilisé des armes non conventionnelles lors de sa dernière affectation. A sa grande surprise, elle est promue général à titre temporaire par le commandement Kel qui lui confie une mission d’une importance vitale pour l’Hexarcat, le système politique des six factions : mater une hérésie en cours dans la Forteresse des Aiguilles Diffuses. Seulement cette promotion est assortie d’une terrible condition : ancrer en elle l’esprit du général Shuos Jedao, ancien traître et fou sanguinaire mort depuis des siècles, mais stratège de génie qui n’a jamais perdu une bataille. Que cachent les six factions à Kel Cheris ? Que sait exactement Jedao et, surtout, qui fut-il réellement ?

Le Gambit du Renard possède tous les marqueurs d’un bon space opera : un empire galactique, des flottes de vaisseaux spatiaux, des combats au sabre de lumière (ouais…), des castes mystérieuses et des races extraterrestres, des complots, des trahisons, des bombes kaléidoscopiques et des phalènes-bannières, et bien sûr un concept original qui sous-tend l’univers du roman. Et c’est là que les problèmes commencent.

L’empire qui règne sur la galaxie repose sur un équilibre fragile entre différentes castes, équilibre lui-même issu de l’utilisation d’un calendrier. Ce calendrier, pour autant qu’on puisse en juger, est un calendrier tout à fait normal, c’est-à-dire qu’il décompose les années en mois, les mois en semaines, en jours puis en heures. Il ouvre cependant la possibilité à de multiples avancées technologiques, sans qu’on comprenne jamais pourquoi. Le calendrier utilisé dans l’empire est également une orthodoxie religieuse, et toute civilisation qui utilise un calendrier différent est considérée comme hérétique. Même les formations de combat des soldats découlent du calendrier, et toute déviation hérétique (?) peut rendre les escouades vulnérables aux armes ennemies.

Ce concept n’est jamais expliqué dans le roman, même vaguement. Il est pourtant au centre de toute l’action, de toutes les intrigues, de toutes les motivations des personnages, de toutes les situations de basculement du récit, de tous les affrontements, bref c’est LE ressort narratif du livre. Et on n’y comprend jamais rien. Toutes les subtilités échappent donc totalement au lecteur, qui se laisse emporter par le déroulement de l’histoire avec beaucoup de détachement…

Le Gambit du Renard a reçu le prix Locus du meilleur premier roman en 2017. Il a également été nominé en 2016 pour les prix Nebula et Hugo du meilleur roman. Il a connu deux suites : Le Stratagème du Corbeau en 2017 et Revenant Gun en 2018 (en cours de traduction).

Yoon Ha Lee : Le Gambit du Renard – 2016

Originalité : 4/5. Il faut au moins reconnaître à cet univers qu’il est très original.

Lisibilité : 2/5. Ça aurait vraiment été sympa d’avoir un concept compréhensible.

Diversité : 3/5. Les personnages sont suffisamment denses pour multiplier les angles d’approche.

Modernité : 2/5. J’imagine que quelqu’un s’est dit qu’un space opera en 2016 devait être tordu pour ne pas paraître enfantin…

Cohérence : 1/5. Difficile à dire mais si quelqu’un y trouve plus que 1 sur 5, je veux bien des explications…

Moyenne : 4.8/10.

A conseiller si vous n’avez pas peur des concepts bizarroïdes.

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