« Hier, les oiseaux » – Kate WILHELM

Un classique qui a très bien vieilli.

La pollution provoque des changements climatiques massifs, des épidémies mondiales se déclarent, et les guerres se déchaînent. La civilisation humaine sur Terre touche à sa fin. Les Sumner, de riches propriétaires terriens, anticipent l’effondrement de la société. Ils s’organisent pour survivre au sein d’une communauté isolée et indépendante dans une vallée de Virginie. Ils décident de construire un centre de recherches scientifiques et d’y organiser la vie en autarcie. Mais les hommes et les femmes deviennent stériles suite aux effet de la pollution et des maladies. La solution du clonage semble être la seule réponse possible. Au fil des années, les survivants de la communauté réalisent cependant que quelque chose leur échappe : les clones semblent vouloir imposer de nouveaux modes de pensée et de nouvelles priorités…

Hier, les oiseaux est un roman remarquable, mais un peu frustrant. Tout d’abord, l’apocalypse décrite est et reste une toile de fond, sans plus. Aucune explication n’est réellement donnée concernant l’effondrement de la civilisation, en dehors de propos assez généraux sur la pollution et ses effets. On a même l’impression tenace qu’il ne s’agit que d’un prétexte pour créer une micro-société autarcique dans laquelle les réserves d’ordre éthique relatives au clonage ne se posent plus vraiment. Ce qui intéresse vraiment Kate Wilhelm, c’est l’évolution d’une communauté formée en partie d’humains vieillissants et en partie de groupes de clones de plus en plus nombreux. Et de ce point de vue, le roman est une franche réussite, malgré un épilogue un peu décevant.

Les différences entre humains et clones sont amenées de manière très subtile et progressive à travers plusieurs générations. L’évolution de la communauté est rendue passionnante par plusieurs éléments : l’obligation d’aller explorer les ruines des grandes villes pour trouver certaines pièces de rechange, l’angoisse du clone à l’idée d’être séparé de son groupe, la peur de la forêt, la place assignée à la reproduction sexuée, etc…

Le style est direct et précis, et le rythme est tantôt lancinant tantôt haletant. Les aspects techniques les plus ardus sont parfois un peu difficiles à assimiler totalement, d’autant plus que l’auteure ne s’attarde jamais longtemps sur les détails. Elle laisse même à ses lecteurs le soin de boucler certaines ellipses narratives. Cela pourra peut-être s’avérer frustrant mais c’est probablement le prix à payer pour un récit compact, serré, dense, qui s’étend sur plusieurs générations.

Hier, les oiseaux a été publié en 1976, mais il reste original et passionnant. Il a reçu les prix Hugo et Locus du meilleur roman en 1977, et il vient d’être ré-édité par Le Livre de Poche.

Kate Wilhelm : Hier, les oiseaux – 1976

Originalité : 4/5. Moins centré sur l’apocalypse environnementale que sur le clonage, on vit un huis clos un peu anxiogène mais rarement traité.

Lisibilité : 3/5. Quelques rares longueurs, certains passages un peu confus, mais se lit presque d’une traite.

Diversité : 3/5. Trois époques différentes, avec des personnages uniques et toujours attachants.

Modernité : 3/5. Certains aspects techniques ont mal vieilli, mais l’essentiel du propos reste aisément lisible aujourd’hui.

Cohérence : 3/5. Un gros bémol sur la conclusion du récit, sous forme d’une leçon de morale à peine déguisée, en ode à la créativité individuelle contre l’oppression de la collectivité.

Moyenne : 6.4/10.

A conseiller si vous voulez découvrir un classique qui a bien vieilli sans être un chef d’oeuvre.

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